Hier, je suis allée au cinéma pour voir le nouveau film de Chen Kaige « Forever Enthralled ». Il s’agit d’un grand nom de l’Opéra traditionnel de Pékin, Mei Lan Fang.       

Dans le film qui lui rend hommage, Mei Lan Fang est incarné par Leon Lai. Zhang Ziyi joue le rôle de Meng Xiaodong, une autre grande représentante de l'Opéra de Pékin des années '20, et l'égérie du maître. Quant au réalisateur, il s'agit de Chen Kaige ; le cinéaste avait fait forte impression à l'étranger en 1993 ; son film "Adieu, ma concubine" avait fait un tabac et avait même été nominé aux Oscars. En 2005, en revanche, "La promesse", une épopée fantastique, avait été incendiée par les critiques. Le fils de Mei Lan Fang a vu le long-métrage ; il a exprimé ses remerciements à Chen Kaige pour le portrait que le cinéaste a dressé de son père. 

Mei Lan Fang a quitté ce monde depuis longtemps, mais sa gloire est - sinon éternelle - destinée à briller longtemps encore. Né à la fin du XIX^e siècle, l'acteur avait acquis une renommée internationale ; il avait été le premier membre de l'Opéra de Pékin à populariser son art à travers le monde entier. Chacun se souvient de son farouche refus de monter sur les planches entre 1937 et 1945 ; la Chine était alors en grande partie sous la coupe du Japon.

Mei se transforme librement de lui-même au personnage qu’il joue. En scène, c’est une femme de toute beauté qui nous étonne, qui nous séduit. Dans la vie réel, c’est un homme qui n’a pas la moindre peur confronté aux menaces des japonais.

Il interprète parfaitement les femmes qu’il joue, soit celle du roi disgraciée qui boit pour noyer ses soucis, soit celle qui ne réalisait pas l’amour de son mari jusqu’au jour où il est mort... On voit toujours un rien de tristesse, de chagrin dans ses yeux qui frappe le coeur du public. On dit qu’il a de la solitude au fond du coeur, depuis toujours. C’est justement la solitude cachée qui sied parfaitement aux personnages en scène.